Voilà plus de 3 ans que la guerre est finie. Jean , surtout appelé “JeanDu”. Suite à cette journée de bombardement de 1944 en Juin le 20 plus exactement, il ne se rappelle plus son nom , la seule inscription sur sa plaque Militaire était Jean Du. Son frère d’armes lui tenait la main dans cette boue, lui criait de tenir de vivre et l’appelait jean.

Depuis ce jour, plus de souvenir plus de son frère d’armes, de son enfance, de la vie passée.

JeanDu revit tous les soirs cette scène , il se demande qui est cet homme lui tenant la main, qui est Jean ?

Le cauchemar est tellement violent que cela l’empêche de dormir une nuit entière.

La seule chose qu’il se rappelle, il aime l’odeur des fermes et le travaille ne lui fait pas peur. Jeandu est reconnu dans les fermes d’Auvergne, il est un saisonnier très respecté et demandé.

Marceau Duru, est aussi un saisonnier, ne se contentant pas que de l’Auvergne, son rêve, être libre, dormir à la belle étoile, voyager au gré du vent.

Voilà plus de trois jours qu’il marche et cherche du travail ; il arrive à la ferme des MileBoeufs.

Ernest Leboeuf, est le patriarche, reconnu autoritaire, pingre.

Marceau ne rechigne pas non plus au travail, demande s’il y a une place pour lui.

Ernest toujours dans son humeur désagréable l’envoie paître.

– Il n’ y a pas de travail pour les inconnus ici.

– Pas la peine d’hurler, un simple non et merci , suffirai.

Jeandu entendant encore une incartade entre deux hommes , vient voir et se demande la raison.

Marceau, regarde Jeandu , l’air du lui dire qu’il ne craint pas la dispute.

Mais Marceau reconnaît son frère d’armes, essaye de lui parler , la seule réponse est le fusil du patriarche dans sa direction, avec l’ordre de partir.

Jeandu, ne comprend pas pourquoi les hommes ont besoin de tant de violence.

Marceau ne veut pas se laisser faire. Repart, mais reviendra c’est sur.

Sur le chemin il recherche où il a déjà vu un visage ressemblant à son frère d’armes.

– Je sais , c’est Louis Dulaitu dans la ferme du chassin.

D’un pas décidé il n’a qu’ une trentaine de kilomètres et doit se rendre en Creuse.

– Dans deux jours je saurai enfin la vérité, c’est sûr.

Arrivé à la ferme du chassin, Marceau demande à parler au patriarche Louis Dulaitu.

Son épouse Louise est aussi présente, et se demande pourquoi cet homme veut parler à son mari,et qui ne demande pas en premier lieu du travail.

– Bonjour mr Dulaitu, je viens d’ une ferme en Auvergne, j’ai retrouvé votre fils , il y travaille comme saisonnier, chez ce fou de Ernest  Leboeuf.

– Erreur cria Louise , ne parlez jamais de mon fils Jean, sauvez-vous.

Louis , ne parle pas, regarde Marceau droit dans les yeux, le fusil à porté de main, l’attrape, menace Marceau.

– Je vous dis que votre fils est vivant, il s’appelle Jeandu, venez avec moi, et si j’ai tord , vous pourrez me tuer pour traîtrise. Je suis saisonnier aussi, je vais dans toutes les fermes. J’ai travaillé ici l’année passé pendant Trois mois.

Louis ne cède pas, menace toujours Marceau, mais ne peut pas tirer , il tremble de tout ses membres.

Louis a perdu ses deux fils à la guerre, son ainé en 1942, et Jean est parti en angleterre pour venger son frère disait-il. Jean n’est jamais revenu, il est mort en 1944 en juin le 20 plus exactement. Louis ne parle plus du passé, ne veut plus en entendre parler, il s’est juré de venger ses fils. Contre qui ? La guerre est atroce, elle est finie.

Le pays doit se relever, les fermiers, les paysans sont appelés pour nourrir la population, il y a du travail partout, surtout du travail non déclaré, la demande est forte dans les exploitations.

Marceau bien décidé de retrouver son frère d’armes , ne bouge pas, regarde Louise les larmes coulent sur ses joues, des larmes de vérité.

Louise voit cet homme au bout du fusil de son mari, avec les yeux si tristes et profonds.

Pour la première fois de sa vie elle doit prendre une décision contraire à celle de son mari.

d’une voix ferme et autoritaire elle s’adresse à Louis.

– écoute-le, va avec lui, Mon fils est vivant. Sinon c’est moi qui partirai à sa recherche. Pause ce fusil, ou tue moi.

Louis n’en croit pas ses oreilles, sa femme lui tient tête et lui donne des ordres. C’est qui le patriarche ici ?

Louise se mets devant Marceau et regarde son mari en pleurant, ferme et décidée de mourir ou de revoir son fils.

– Louis écoutez-moi , j’étais avec votre fils en 1944 en juin le 20 plus exactement, il a été blessé comme moi, on est parti dans un hôpital de campagne et rapatrié derrière les lignes de combat , et depuis plus de nouvelles, personne n’a demandé si on le connaissait , il a été envoyé à l’hôpital des soldats sans nom. Jean me tenait la main dans cette boue et me disait de vivre et d’aller prévenir ses parents qu’il était vivant, puis il a perdu connaissance.

Louis ne put supporter ce récit, baissa son fusil, regarda Marceau avec haine et passion. Avec cette envie qui vous pousse à tuer un menteur, et cette envie qui vous pousse à écouter votre cœur et de se battre pour savoir la vérité.

Louise osa prendre la fusil des mains de son mari , lui adressa un doux sourire, alla ranger cet outil de tant de malheurs.

– Marceau , vous ne pouvez dormir sous notre toit, demain vous partirez avec Louis, chercher mon fils, ne revenez jamais sans lui.

Marceau , aime bien dormir à la belle étoile, il avala la soupe que lui avait donnée louise et mangeat son pain en pensant à demain.

Le champ du coq , pour une fois est bienvenu.

La charrette à foin attelée, Marceau pris le bout de pain , avec de l’ail , un oignon , que lui a tendu Louis.

– En route, ta vie risque d’être courte.

Il est vrai que c’est plus rapide en charrette à foin , qu’à pied.

Les deux hommes, arrivent dans cette ferme des Mileboeufs.

Ernest toujours fidèle à son poste de patriarche haineux, regarde cet attelage , se demande ce qu’ils peuvent bien vouloir.

Ernest est un homme fier, réformé lors de la deuxième guerre , à causes des gaz de 1918, il n’avait que 16 ans et c’était fait passé pour un adulte, comme bien d’autres hommes de cette époque. Difficile de ne pas le croire, quand un homme de 1m85 pesant ses 219 livres, à 16 ans c’est trompeur. Seulement une seule bataille a eu raison de lui.

Ernest ne fait plus confiance, alors un attelage chez lui , mais pourquoi ?

– Te revoilà bon à rien, je t’ai dis pas de travail ici pour les inconnus.

– Écoute Ernest, je suis revenu avec cet homme, Louis Dulaitu, qui est le père de jeandu, il vient chercher son fils.

– Si c’est son fils , d’accord à une seule condition, c’est toi qui devras le remplacer, tu auras le couvert et le gîte, pas un sous de plus.

Le ton montant de plus en plus , jeandu s’approche, regarde les trois hommes, il retient son regard sur Louis, se met à transpirer ,à trembler de tous ses membres et perd connaissance.

De suite Louis se précipite vers Jeandu, se met à pleurer, avec l’aide de Marceau ils déposent son fils dans la charrette à foin. Tous deux remontent sur la charrette et repartent en Creuse sans se retourner, sous les insultes les menaces du fermier Ernest.

Christophe R / Ecrivain77

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