
Ils entrent sans frapper, ils parlent sans fin,
T’expliquent ta vie, ton destin, ton chemin,
Toujours un avis, surtout quand t’en veux pas,
Experts en tout, sauf en silence… voilà.
Leurs mots s’incrustent, style chewing-gum mâché,
Parler pour ne rien dire, ne rien dire pour parler,
Le roi du blabla porte une langue usée,
Se prend pour Platon quand il dit “bonjour, café ?”
Qui feraient mieux de la fermer,
Avant même de l’ouvrir, en vérité,
Un flot continu, sans pause ni remords,
Le vide sidéral masqué par des mots forts.
T’attendent au tournant, toujours pleins d’astuces, Laissent derrière eux des vides en peluche, Voyant la paille chez toi, pas même leur rebut, Ils chuchotent tout haut, sans jamais dire le but.
Ta patience ? Ils la mâchent, ils la bouclent,
S’asseyent dedans avec leurs soucis pathétiques,
Des drames surjoués, des reproches mécaniques,
Ils vident ton énergie, goutte après goutte.
Ils commentent tes choix, tes fringues, ton thé,
Te disent “faut sourire” quand tu veux juste souffler,
Ils savent mieux que toi ce qui est bon,
Même quand ils vivent, dans le déraison.
Conseillers non sollicités, maîtres du qu’en-dira-t-on,
Quand tu les appelles, plus un mot, plus un son,
Leur sagesse s’évapore… étrange disparition,
Présents pour juger, absents pour toute attention.
Leur cœur ? Un grand vide habillé de beaux vœux,
Diplômés en bruit, en gestes prétentieux,
Leur CV ? “Conseils creux, avis douteux.”
Ils pondent des conseils comme les poules des œufs.
Au fond, c’est du vent, ça pue, c’est clair,
Ils te parlent météo alors qu’il pleut des vers,
Te conseillent le yoga, mais crient comme des éclairs,
Des coachs en chaos, champions du contraire.
Parfois, faut l’avouer, ça fait presque rire :
Ces rois du bruit, ces pros du soupir,
On les bénit… de loin. Très très loin,
On leur offre : un ticket pour très loin.
Un aller simple pour une paix d’or,
Eux dans le bruit, toi, cherchant ton port,
Tu leur laisses un cactus, un mot doux, un miroir,
Un manuel : “Comment se taire sans décevoir”.
Ils s’en offusquent, s’étripent pour savoir,
Qui aura le dernier mot, leur pauvre pouvoir,
Toi, tu ris. T’es déjà loin du bazar,
Tu respires enfin, sorti du tintamarre.
La quiétude retrouvée, doux comme un matin.
Tu savoures l’absence, tu goûtes la paix,
Loin des bavards rois, tu redeviens discret,
Mais gare à la porte, gare au prochain refrain.
Ils reviennent toujours, ces faiseurs de chagrin,
Troublant ta paix comme un orage soudain,
Tu souris, complice de ton propre destin,
Le vrai luxe, c’est de rester loin… et serein.
Christophe R / Ecrivain77