
Il marchait au bord d’un abîme sans fin,
Le souffle empoisonné d’un silence malsain.
Chaque soir, une promesse, chaque matin, un sursis,
Une chute en boucle, un espoir qui s’amenuise.
L’addiction dansait, douce et cruelle,
Offrant le ciel, forgeant la querelle.
Elle liait ses gestes, ensorcelait son cœur,
Un tyran masqué, un pacte de douleur.
Les chaînes invisibles pesaient sur son âme,
Un feu sous la peau, une insatiable flamme.
Dans le gouffre, vacillait une lueur,
Un éclat fragile, un appel intérieur.
Il n’a pas fui l’ombre, il l’a traversée,
Faisant de chaque chute une marche sacrée.
Dans la nuit, il a vu une clé,
La Déchirure, guide qu’il n’a plus rejetée.
Renoncer, c’est choisir de mourir pour renaître,
De faire de sa peine un socle, un être.
Il ne détruisit pas ses ténèbres, il en fit un pont,
Jeté du gouffre ancien vers l’aube d’un horizon.
Chaque pas vers la lumière fut une ascension,
Un triomphe discret, une humble rébellion.
L’ombre, autrefois reine, devint sa compagne,
Une mémoire vive, une sagesse sans bagne.
Il avançait, libre, non sans douleur,
Une braise au flanc, vestige de ses peurs.
Chaque cicatrice, un mot sur son chemin,
Était la preuve qu’il avait su son destin.
Un matin enfin, la lumière l’a touché,
Il s’est redressé, plus vivant, apaisé.
Pas indemne, mais forgé dans l’épreuve,
Un être entier, libre, porté par sa force.
Christophe R / Ecrivain77