"Silhouette debout face au soleil – slam sur la transmission et le feu intérieur"

Je vous écris du vieux banc de bois,
Où les feuilles dansent, lentes et bavardes.
Le vent me parle un peu, la lumière décroît,
Mes genoux grincent, mon esprit s’attarde.

Je revois nos jeux, nos rires d’antan,
Les cannes à pêche, le ruisseau chantant,
Les serments faits sur un galet plat,
Qu’on lançait loin, croyant tenir le pas.

Jean était calme, René plus fou,
L’un comme l’autre, fidèles jusqu’au bout.
On se chamaillait pour trois brins d’herbe,
Puis on riait — c’était ça, notre verbe.

J’ai grandi dans l’ombre d’un monde en feu,
Où les drapeaux flottaient sur des adieux silencieux.
Face à la haine, au tumulte sans frein,
J’ai tendu la main plutôt que le poing.

L’amitié, mes tendres, n’est pas un feu de paille,
C’est un feu discret que le vent travaille.
Il vacille parfois, mais si vous soufflez bien,
Il réchauffe l’âme, il éclaire le chemin.

Nous étions si différents, c’est vrai,
C’est là qu’on apprend à aimer.
À faire de la place à l’imprévu,
À tendre la main sans avoir tout vu.

Choisissez vos amis comme des cailloux polis :
Pas les plus lisses, ni les plus jolis.
Ceux qui tiennent au fond de la poche,
Même mouillés, même quand tout cloche.

Être deux, c’est aussi voler des cerises,
Partager la culpabilité précise…
Et si le gardien vous poursuit,
C’est à deux que l’on s’enfuit.

C’est ce que votre grand-père a appris,
Qu’il vous confie, chers petits.
Ce lien discret, ce feu sans bruit,
C’est l’héritage qu’en vous, aujourd’hui, je bâtis.

Gardez-la vive, cette flamme douce,
Contre l’indifférence, la peur, les secousses.
Elle unit les cœurs, elle traverse les jours,
Comme un arbre profond qui grandit en amour.

Un jour, peut-être, vous serez, vous aussi,
Assis sur un banc, l’ombre pour compagnie.

Si une petite main vient chercher la vôtre,
Rappelez-vous : c’est le fil qui honore.

Vous, mes enfants, dans vos jeux à venir,
Vous en serez les fruits, sans même y réfléchir.
Un regard, un geste, un silence partagé :
Ce feu fidèle saura vous guider

Je vous laisse ce banc, ce vieux square.
L’amitié ? C’est tout sauf ordinaire.
C’est un choix qu’on refait, chaque jour,
Qui tisse, en silence, un grand amour.

Christophe R / Ecrivain77

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