La Poule aux Mille Histoires


 

L’œuf repose, mystère ancien,
Qui fut le premier ? Nul ne sait rien,
Qu’importe le temps, à chaque aurore,
Elle dévoile un secret que le temps ignore.

Dans la basse-cour au petit matin,
Elle marche fière, le bec incertain.
Sa crête rouge, flamme éclatante,
Brille au soleil, souveraine vibrante.

Elle picore ici, gratte un peu là,
Chaloupe, sautille, puis virevolte tout bas.
Ses plumes soyeuses, d’ambre et d’or,
Font de son corps un doux trésor.

Le coq parade, chante au levant,
Elle observe, amusée, d’un regard confiant.
Il croit régner, fier et triomphant,
C’est elle qui guide, en riant tendrement.

Même sous la neige, elle gratte le sol,
Déterrant la vie sous le blanc qui s’envole.
Un enfant la suit, émerveillé,
Elle glousse, complice, et grapille à ses pieds.

Avec son cœur, il la contemple, les yeux brillants,
Entre eux une confidence, un lien vibrant.
Il murmure des contes anciens,
Elle écoute, douce gardienne du matin.

La nuit, sous les étoiles blanches,
Elle rêve des vents qui appellent,
À des envols lointains, vers l’horizon,
Elle, poule rêveuse, oiseau sans prison.

Ainsi va la poule, noble et simple,
Elle danse, elle vit, elle rit sans crainte,
Ailes de terre, mais âme d’azur,
Elle règne, libre, dans un monde qui murmure.

Ecrivain77 / Christophe R





Là ou rien ne naît

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils flottent aux marges du réel,
Captifs d’un souffle essentiel,
Ombres de l’encre, échos brisés,
Mais que nul n’a su composer.

Ils ne sont ni joie ni pleurs,
Mais larmes séchées, douleurs mineures,
Non pas le feu qui les dévore,
Mais le froid qui les transperce encore.

Certains naissent et meurent aussitôt,
Un rêve s’éteint sous leur manteau,
Mots avortés, vestiges d’ombre,
Avant que l’aube ne les nomme.

Dans l’ombre du silence, les idées s’égarent,
La page blanche résiste, miroir qui sépare,
Fragiles éclats pris au piège du vide,
Un monde en suspens, aux espoirs enfouis.

D’autres s’étirent et se replient,
Gestation lente, corps sans vie,
Dans l’attente d’un jour sans fin,
En quête d’un demain incertain.

D’autres encore chutent trop tôt,
Leurs vers s’effilochent sous le chaos,
Fragiles ébauches sans ossature,
Sans trouver l’empreinte qui dure.

Ainsi vont-ils, flottants et purs,
Sans passé, sans lendemain sûr,
Comme une mer sans rive aucune,
Où l’horizon s’efface et dure.

Quand l’aube dissipe l’oubli,
Ils ne sont que pages endormies,
Quand l’ombre cède à la clarté,
Éternels, inachevés, chantés dans l’oubli.

Ecrivain77 / Christophe R