Là ou rien ne naît
Ils flottent aux marges du réel,
Captifs d’un souffle essentiel,
Ombres de l’encre, échos brisés,
Mais que nul n’a su composer.
Ils ne sont ni joie ni pleurs,
Mais larmes séchées, douleurs mineures,
Non pas le feu qui les dévore,
Mais le froid qui les transperce encore.
Certains naissent et meurent aussitôt,
Un rêve s’éteint sous leur manteau,
Mots avortés, vestiges d’ombre,
Avant que l’aube ne les nomme.
Dans l’ombre du silence, les idées s’égarent,
La page blanche résiste, miroir qui sépare,
Fragiles éclats pris au piège du vide,
Un monde en suspens, aux espoirs enfouis.
D’autres s’étirent et se replient,
Gestation lente, corps sans vie,
Dans l’attente d’un jour sans fin,
En quête d’un demain incertain.
D’autres encore chutent trop tôt,
Leurs vers s’effilochent sous le chaos,
Fragiles ébauches sans ossature,
Sans trouver l’empreinte qui dure.
Ainsi vont-ils, flottants et purs,
Sans passé, sans lendemain sûr,
Comme une mer sans rive aucune,
Où l’horizon s’efface et dure.
Quand l’aube dissipe l’oubli,
Ils ne sont que pages endormies,
Quand l’ombre cède à la clarté,
Éternels, inachevés, chantés dans l’oubli.
Ecrivain77 / Christophe R